Pourquoi les hommes cherchent-ils le bonheur dans la réussite?

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      Un article de Florian C. et Marion J. (TSSIA)

L’homme par sa nature aspire au bonheur. Il est communément admis que ce bonheur se trouve dans ce qu’on appelle la réussite, sociale et professionnelle en particulier. Dans notre société, elle se traduit le plus souvent par la possession de biens matériels ; on aurait donc tendance à croire que pour être heureux, il faudrait forcément posséder une belle voiture, une belle maison, construire une famille… tous les ingrédients d’une vie réussie.

En cherchant le succès, nous cherchons le bonheur. Cependant, il est important de distinguer le bonheur de la satisfaction procurée par la réussite. Prenons par exemple un individu qui est arrivé à son objectif : il sera satisfait un instant, mais se fixera un nouvel objectif et oubliera sa précédente réussite. Il n’aura pas été heureux mais seulement satisfait de manière éphémère.

        Il serait donc faux d’affirmer que la réussite apporte nécessairement le bonheur. Les sportifs de haut niveau illustrent bien ce propos, car beaucoup sont touchés par la dépression malgré leurs performances hors du commun. C’est le cas de Michael Phelps, athlète olympique le plus titré de l’histoire, qui déclare en 2014 : « j’étais dans un endroit très sombre, je ne voulais même plus vivre ». N’est-il pas paradoxal de voir que ceux qui réalisent les rêves inaccessibles de millions de personnes peuvent finir par regretter leur réussite ?

       En atteignant ses objectifs, l’homme pense trouver le bonheur, c’est pourquoi il se jette corps et âme dans cette quête ; mais comment expliquer que malgré sa réussite il n’atteigne pas le bonheur tant attendu, voire qu’il devienne plus malheureux qu’il ne l’était ? Éternelle insatisfaction humaine ! Pascal, philosophe français du XVIIe siècle, explique dans ses Pensées que cela est dû au fait que l’homme ne s’intéresse au présent que pour ce qu’il lui apportera dans l’avenir. Il vit donc dans l’illusion d’un avenir toujours plus radieux que le présent dans lequel il se trouve. Ainsi, “nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre”. Le bonheur est inlassablement repoussé à plus tard, et quand bien même l’homme attendrait son objectif, il risque d’être déçu car l’objet de cette réussite aura fortement été idéalisé.

En effet, lorsque nous idéalisons excessivement un objet, nous devenons dépendants de notre désir de l’obtenir. L’objet de notre réussite devient ce qui nous caractérise ; sans celui-ci, un vide, une frustration peut se révéler ; nous mettons tout en œuvre pour combler ce manque. Toutefois, nous prenons tant de plaisir à créer un imaginaire autour de notre réussite que nous pouvons être insatisfaits une fois que nous l’avons entre les mains.

Alors, ne faut-il pas voir les choses autrement? Le chemin parcouru pour atteindre notre idéal pourrait se révéler être la véritable source du bonheur. En effet, Alain Badiou, un philosophe français contemporain, affirme dans un article du Monde d’août 2015 que “le bonheur, c’est lorsque l’on découvre que l’on est capable de quelque chose dont on ne se savait pas capable”. Ainsi, en cherchant à accomplir notre volonté, nous commençons une sorte de quête. Cette quête peut être associée à des rencontres importantes et marquantes, à la découverte de qualités insoupçonnées en nous-mêmes, ou encore, à une évolution intérieure.  Il faut donc prendre des risques pour être heureux, aller au bout de qui nous sommes, quitte à ne pas suivre les conventions sociales. L’individu peut donc trouver son bonheur dans le simple fait d’aller au bout de sa volonté. Même s’il ne parvient pas à ses fins, il aura évolué, et les événements et les personnes croisées sur son chemin l’auront sans doute marqué. Il aura acquis une certaine expérience. Qui ne rêve pas de grandir, de révéler son potentiel, de s’apercevoir qu’il était capable de quelque chose qui lui semblait impossible ?

L’insatisfaction humaine nous pousse à toujours chercher une manière de changer et de transformer notre manière d’être. Et le chemin vers cette sorte d’évolution nous mène souvent au bonheur, même si cela arrive sans que nous n’ayons prévu d’être heureux à ce moment précis, au cours de notre quête plutôt qu’à son terme.