Anarchisme, libéralisme, communisme… quand les théories politiques dialoguent

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Un article de Méven, Alicia, Natacha et Clara, élèves de TL au lycée Clément Ader de Tournan

 

 

ANARCHISME
J’existe depuis longtemps. Mon histoire est gorgée du sang de ceux qui ont porté mes couleurs. Les idées de mon père, aussi belles étaient-elles, n’étaient pas suffisantes. Je te remercie Proudhon, de m’avoir fait découvrir le monde, d’avoir montré que la propriété n’est que du vol. Je suis né en Europe mais mes idéaux se sont répandus partout dans le monde ; pourquoi ? Car les Hommes ont compris ce que vous étiez. Je vous vois venir vous et vos bombes ! Mais souvenez-vous que les idées de Bakounine ne sont pas tachées de votre sang mais du mien et de ceux qui me suivent. Nous n’oublierons jamais la commune de Paris, où le rouge des nôtres avait repeint la ville. Nous n’oublierons pas les condamnés à mort pour les magouilles de votre chère police. Nous, nous avons eu le courage de porter nos voix au-delà des explosions, Ravachol le premier ! De la terreur bourgeoise est née notre sauvagerie. Vos répressions ne nous stopperont pas. Nous parviendrons à faire entendre nos voix pour qu’un jour, le monde cri à l’unisson: « Je suis Anarchiste ! »

 

 

COMMUNISME

Très bien, très bien, l’Anarchiste… supposons que ta mémoire te fasse défaut, aurais-tu oublié ta propagande par le fait? Certes, nos idéaux égalitaires nous rendent des plus semblables, mais tu oublies que ma naissance prévoyait l’échec de ton existence. Nous aurions pu être frères mais ton caractère a toujours été un peu trop libertaire. Je suis certes une utopie, je n’ai pas encore eu le temps de prendre véritablement vie, mais je ne cesse jamais de grandir, évoluer, de faire prendre conscience aux Hommes de ce que je suis réellement. J’unis, je rassemble, je ne veux que l’égalité comme elle l’était depuis la naissance de l’humanité. Détruire la propriété privée, légalisée par ceux qui se sont tout approprié. Propriétaires, véritables créateurs de l’Etat. Moi, je détruis la source avant de mettre fin à ce qui impose les lois. Tous nous sommes égaux devant la loi chez eux, mais la vérité est toute autre. Prolétaires, vous n’avez fait que protéger les biens des puissants, ils légalisent la propriété privée qui à l’origine appartenait à tous. Mon père le sait, il m’a créé en visant au-delà même de mon cousin socialiste. Moi, j’unis le monde avant de supprimer l’oppression étatique. Marxistes, communistes du monde entier, tous nous reviendrons au même pied d’égalité. Je suis plus que toi, l’anarchiste. Utopiste dans le sang, ma vision dérive chez des Hommes qui cachent une nature de monstre libéral, mais elle ne perdra jamais ses fondements. “Tous, prolétaires du monde entier, vous n’avez rien d’autre à perdre que les chaînes qui vous entravent!”

 

 

RÉFORMISME

Mes racines et celles de Marx s’abreuvent peut-être à la même source, mais mes feuilles se sont remplies d’encre là où l’histoire a fini par rattraper les siennes pour les couvrir de sang ; et ce sang que leurs révolutions demandent, nous pourrons toujours le remplacer par notre encre. Le socialisme se doit de rester pacifique, de compter sur les branches de la politique pour croitre jusqu’à ce que le feuillage de l’Etat protège tous ceux qui jurent par sa loi. Avec le temps l’arbre d’Edouard Bernstein devint le premier arbre d’une forêt, accompagné par autant d’idéaux et de mouvements qu’une vision sans violence du monde pouvait créer. Notre terre est peut-être surtout celle du capitalisme, mais ça n’empêche pas nos branches de pousser vers la gauche. La pluralité de notre flore est sa première qualité, et sa partie française se déclarait sous Jean Jaurès autant réformiste que révolutionnaire et anticapitaliste. A petites touches on change les lois, insensiblement l’État les suit, jusqu’à ce qu’enfin les fruits de la réforme soient murs, prêts à être récoltés.

 

 

LIBÉRALISME

J’ai combattu l’absolutisme, un réel danger pour l’humanité, et sans cette lutte jamais je ne l’aurais vaincu. Vos reformes ne changent que l’aspect d’une entité immuable, que seul un choc, parfois violent, est capable de changer réellement. Ce combat m’a insufflé l’importance de l’individualité des hommes. J’ai reconnu ainsi la valeur de leur liberté et de leur propriété. Grâce à moi, ils sont libres de posséder, ils sont libres d’être, et surtout, ils sont libres de vivre. J’ai réclamé la liberté politique, religieuse et individuelle à ce moment-là. Ces libertés n’existeraient pas si je ne les avais pas défendues lors de la Révolution. Lorsque j’ai pris conscience que le droit de propriété est le fondement même de la liberté, la liberté économique est devenu centrale dans mon raisonnement, elle qui ne serait rien sans le marché. L’harmonie est apportée par une main invisible guidée par ce système. En servant leurs intérêts particuliers, les hommes servent l’intérêt général, rendant service à tout le peuple et créant un marché auto-régulé. L’équilibre est apporté par le bon fonctionnement de la loi de l’offre et de la demande. Cependant, l’État est un frein à l’harmonie créée par mon marché. L’État n’a pas à intervenir. Il devrait plutôt aider la liberté de commercer et de se faire concurrence pour permettre l’existence du cercle vertueux production-vente-consommation. L’État doit s’assurer du respect par tous des mécanismes économiques naturels. Grâce à moi, la technologie et la science progressent à pas de géant. J’ai permis à une centaine de pays de se libérer de l’oppression. J’ai forgé le monde moderne et l’ai dominé.

 

 

RÉPONSE AU LIBÉRALISME

Et quelle domination, quand plus de la moitié du peuple meurt de faim dans les rues, quand il se tue au travail pour espérer recevoir ne serait-ce que les miettes des Hommes les plus riches. Sans parler de ceux que vous abrutissez dans vos usines, qui sont réduits à la seule fonction que vous leur accordez. Je crois que vous estimez trop vos bienfaits, Mr le Libéral. Vous n’êtes pas l’incarnation de la liberté, mais de l’inégalité dans la plus horrible de ses formes.