Sujet : Peut-on imaginer une justice parfaite ?
Exercice : Construisez le problème philosophique à partir de ce sujet. Vous rédigerez ensuite une réponse argumentée et développée en vous appuyant sur votre cours et votre réflexion personnelle.
La première partie de la consigne demande de construire le problème philosophique. Il ne faut donc pas simplement poser une problématique sous forme de question, mais amener cette problématique en montrant auparavant en quoi deux points de vue différents sur cette question peuvent s’opposer :
D’un côté, il est toujours possible d’imaginer une justice idéale par opposition à l’imperfection réelle des lois et des jugements. D’un autre côté, les conceptions de la justice diffèrent et certains principes comme l’égalité et l’équité semblent inconciliables. Alors, faut-il renoncer à formuler un idéal universel pour une justice sans défaut, ou bien au contraire est-il toujours légitime de le concevoir ?
Voici quelques exemples d’argumentations pertinentes issues de copies de la classe de TSSIB :
« Si (par quelque moyen que ce soit), la justice ne relevait plus des hommes, mais d’un pouvoir divin ou d’une entité extérieure, il deviendrait possible d’imaginer une justice parfaite. (…) Mais le concept de justice parfaite est inenvisageable car il y aura toujours l’un des deux partis qui sera moins satisfait de la décision que l’autre. » Nicolas C.
« Une justice synonyme de perfection s’adapterait à tous les cas. Or, on ne peut établir un système égalitaire qui garantisse l’absence d’injustice. L’être humain s’apparente à l’imperfection, ses lois reflètent ainsi ses qualités et ses défauts. On peut prendre l’exemple d’Antigone, qui met en avant la supériorité des lois divines sur les lois humaines. La loi de Créon garantit la paix au sein de son royaume et dissuade les traîtres. Elle est ainsi défendable mais pas parfaite, elle ne répond pas aux lois divines. » Élise N.
« Une justice parfaite est imaginable si tous les jugements étaient rendus de manière impartiale, égale, et que le châtiment correspondait au crime commis, de manière proportionnée. La justice tend à la perfection mais nous savons tous qu’elle ne l’est pas. C’est pourquoi imaginer une justice parfaite signifierait penser la réalité autrement qu’elle ne l’est déjà. Une justice parfaite trouverait une harmonie entre les lois et les punitions. » Pierre C-M.
« Une personne ne peut être jugée sur son apparence, elle doit l’être en fonction des actes qu’elle a commis et de leurs circonstances. Le juge doit être impartial, il ne peut prendre le parti de personne, et donner une sanction équivalente qui permettrait de panser les blessures de la victime. Aucun parti ne doit se sentir lésé, car sinon il naîtra un désir de vengeance. Mais il est impossible de sanctionner un parti à la juste valeur de son infraction ou de son crime. (…) L’argent ne résout pas le mal-être, il remplace ou répare uniquement les dommages matériels. Une personne victime subit un traumatisme que nul ne peut réparer parfaitement. » Laurie D.
« Une justice parfaite serait une justice convenant à l’ensemble de la société et avec laquelle tout le monde serait d’accord. Elle serait à la fois égalitaire et équitable. Elle aurait une fonction éducative pour permettre aux personnes jugées de retenir la leçon, et une fonction dissuasive afin de faire réfléchir les citoyens avant qu’ils ne commettent un délit. Elle serait si dissuasive qu’elle ferait régner l’ordre, et la société ne connaîtrait aucun délit. Ce serait une société utopique. » Yaniss B.
« L’homme peut, en utilisant sa conscience et son sens moral, appliquer une justice parfaite. En effet pour concevoir une justice sans défaut il faudrait créer des lois selon notre conscience et non pour son intérêt personnel. (…) Mais l’homme ne peut être en mesure de créer une justice parfaite car ses défauts ne peuvent permettre une justice parfaite durable. Il y aura toujours une opposition de points de vue sur ce qui est juste, car nous sommes tous différents, et de ce fait nous réfléchissons tous de manière différente. Socrate, par exemple, a accepté sa condamnation qui était injustifiée, afin que les citoyens aient confiance en la justice, même s’il sait bien que cette dernière est imparfaite car elle a été créée par des hommes. » Ahmed B.
« En conclusion, une justice parfaite reste inenvisageable en raison du caractère imparfait des êtres humains qui établissent la justice. Cependant, en appliquant à la fois une justice égalitaire et proportionnelle en fonction de chaque individu, on tend à se rapprocher de cet idéal. » Ibrahim C.