Être libre, est-ce faire tout ce que l’on veut?

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      Un article de Florian C. (TSSIA)

 

Il y a maintenant plusieurs jours, j’ai eu une altercation plutôt mouvementée avec mon voisin, qui me reprochait d’écouter de la musique un peu trop forte, car cela troublait son sommeil.

Je me souviens de lui avoir dit à maintes reprises que j’étais libre, libre de faire ce que je veux, ce à quoi il a répondu « Es-tu sûr que la liberté consiste à faire ce que tu veux ? »

Je ne m’étais jamais fait la réflexion, car pour moi, réaliser tous ses désirs était synonyme de liberté.

A priori, « Faire ce que l’on veut » signifie ne pas avoir de contraintes et de restrictions. Celui qui se soumet à de quelconques règles ou obligations ne serait donc pas libre. Si je prends l’exemple du prisonnier, on s’accordera pour dire qu’il n’est pas libre car il est enfermé, il n’a pas de liberté de mouvement, et est contraint de rester dans sa cellule, même si cela va à l’encontre de sa volonté de sortir.

 

C’est pourquoi nous cherchons la liberté dans l’accomplissement de tous nos désirs : le simple fait d’en refuser un ou de se limiter irait à l’encontre de ce sentiment de liberté. Cependant, si nous suivons ce point de vue, qui serait libre à part celui qui ordonne ?

Le tyran, effectivement, peut assouvir tous ses désirs en donnant des ordres à ses serviteurs ; il n’a aucune limite. Mais ce n’est pas pour autant qu’il est libre, car il se laisse guider et emporter par ses désirs ; il est donc lui-même soumis. De plus, il est dépendant de ses serviteurs, car sans eux aucun de ses désirs ne serait satisfait : le tyran n’est donc pas totalement libre.

 

De plus, selon Spinoza, nous nous croyons libres car nous avons le sentiment de désirer et de vouloir par nous-mêmes. Mais cela n’est qu’une illusion, car en réalité nos actes sont déterminés par des facteurs extérieurs à notre volonté. En effet, nous pouvons avoir conscience de nos désirs mais être ignorants des causes qui les déterminent.

Le sociologue Pierre Bourdieu s’est penché sur le sujet, et montre que selon le capital économique et culturel de chacun, la tendance politique, par exemple, sera différente. Nous pouvons donc désirer voter pour un parti plutôt qu’un autre en ayant l’intime conviction que cela provient de notre volonté, alors qu’en réalité nous avons été influencés par notre milieu social. Cela montre que nous ne sommes pas libres de désirer ce que l’on veut.

 

Dans la société dans laquelle nous vivons, nous avons des contraintes et des obligations qui s’imposent à nous. Néanmoins, nous avons toujours le choix de respecter ces obligations ou d’aller à l’encontre de celles-ci. En effet, la plupart de nos actes sont contingents, et le simple fait d’avoir eu plusieurs possibilités montre l’existence de notre liberté. Le philosophe Bergson défend cette idée : l’homme possède une conscience, qui lui permet de juger au préalable les différentes possibilités qui s’offrent à lui. C’est d’ailleurs parce qu’il a eu la possibilité de faire un choix différent qu’il peut éprouver du remords par rapport à la conséquence de son action. Un homme qui ne serait pas libre, qui ne serait pas responsable de ses choix, et par conséquent de ses actes, ne pourrait pas éprouver de remords.

Alors, est-ce que je suis sûr d’être libre en faisant ce que je veux ?